Démarche Artistique

Quelle est la part de nos projections intérieures et de nos rêves sur notre perception du réel ?

C’est en fouillant le quotidien qui l’entoure que les “paysages mentaux” d’Alice de Soultrait explorent cette question. Ses peintures mettent en scène animaux, plantes et monde environnant dans une dimension onirique. Le réel s’affranchit soudainement des lois de la physique dans un état d’apesanteur, de perspectives irréelles et de déformations qui invitent à une errance labyrinthique à l’intérieur du phénomène de la perception.

Cette promenade, l’artiste la pratique dans un premier temps en solitaire, carnet de dessin à la main. Elle collecte dans son quotidien des éléments qui retiennent son attention : animaux, plantes, objets ou humains qu’elle rencontre et capture sur papier.

Ces habitants du réel observés lors d’instants fugitifs deviennent autant de messagers initiatiques sur la route qui mène à l’émerveillement.

Superposés ensuite dans des mondes virtuels immersifs, ces dessins connaissent une renaissance glorifiée dans un état d’extase éternelle, donnant vie à une narration aléatoire au gré de leurs croisements.

C’est à travers leur dialogue silencieux que l’artiste entend décrypter la puissance de notre imaginaire et de notre pouvoir d’interprétation. L’étendue infinie des possibles en terme de formes, de lignes et de couleurs au sein de l’existant met au défi notre regard et nous rappelle les occasions multiples que nous avons de moduler nos croyances.

Au final, l’imagination peut-elle nous aider à transformer nos représentations pour former une meilleure réalité ?

Bio

Alice de Soultrait est surtout connue pour ses « paysages mentaux », univers immersifs & oniriques issus de son monde intérieur.

Réalisant aussi bien peintures à l’huile que peintures numériques, diplômée de l’ENSAV La Cambre, son oeuvre est habitée par les représentations du monde sensible et de l’activité psychique du cerveau lorsqu’il rêve, idéalise & bâtit des fictions.

Sans relâche, le pinceau d’Alice agit comme une « chambre d’enregistrement du monde » à travers des collections de dessins d’observation sur papier dont elle se sert pour recréer ses peintures-univers semblables à des rêves, des souvenirs flous et déformés.

crédits photo : Romain Sandt

Histoire d’artiste

J’ai six ans. Je suis debout au centre de la pelouse, entourée d’une centaine d’enfants toute juste déversés par le car des vacances. Tout le monde retient son souffle, attend que je parle - j’ai oublié mon texte. Rien ne me vient et je n’en éprouve aucun gêne. Je regarde ce public rempli, cette multitude de sourires amicaux qui m’encouragent - on ne me juge pas. Le silence s’éternise, je ne cherche pas à meubler la situation. Cette première veillée tourne au fiasco, et je suis simplement heureuse d’être là.

Je ne le sais pas encore mais je m’apprête à passer la meilleure semaine de mon enfance. Chant, danse, art sous toutes ses formes : le lâcher-prise est total. Eté après été, je vais y découvrir et y faire fructifier les ingrédients essentiels de ma foi d’artiste.

Le reste de l’année, à l’école comme en famille, je patiente dans la salle d’attente de ma vraie vie. Je suis ramenée à Accéder à l’histoire complète…